In "Les Informations Diepoisses"
Les cadres du groupe Renault s’attendaient à tout sauf à cela, vendredi
après-midi, lorsqu’ils ont participé à l’open forum que donnait Carlos Tavares,
directeur général délégué de Renault, à leur seule intention. Le forum en
question s’est déroulé en présence de salariés et était destiné aux cadres du
groupe via intranet. Après son intervention, Carlos Tavares a répondu à quelques
questions. Il s’est laissé alors aller à la confidence en officialisant auprès
de ses salariés, avec un plaisir non dissimulé, le retour de la marque
Alpine.
Trouver¬
un partenaire
Au printemps dernier, juste avant le
Grand-Prix automobile de Monaco, Carlos Tavares – qui est un passionné de
voitures sportives – avait évoqué un potentiel retour de la marque dieppoise
avant de présenter le concept-car Alpine 110-50 : « La décision de relancer la
marque Alpine sera prise avant la fin de l’année avec un objectif de
commercialisation d’ici trois à cinq ans. Il y a au moins 50 % de chances que ça
se fasse, avec un seul modèle pour commencer », précisait-il encore voici quatre
mois.
Comme Carlos Tavares voulait clairement doter le groupe Renault d’une
marque de voitures de sport, il notait que « ça ne pouvait être qu’Alpine. Nous
ne voulons pas d’un timing trop serré parce que nous voulons laisser le temps à
nos équipes de concepteurs d’exprimer leur talent et leur passion. Lorsque je me
suis arrêté sur la ligne d’arrivée en descendant du concept-car Alpine 110-50,
j’ai senti la passion et l’attente. C’était palpable. Maintenant, je ne veux pas
me faire piéger par ma propre passion et prendre une décision émotionnelle. Nous
voulons éviter que six mois après avoir relancé la marque, elle soit dans une
situation financière insupportable ».
Les semaines ont passé depuis ses
déclarations du 26 mai dernier et Carlos Tavares a pris le temps de réfléchir et
de consulter les équipes dédiées au projet. Il lui fallait également trouver un
partenaire afin de profiter d’une expérience pour minorer les coûts de
conception puis de fabrication. Dans une interview donnée le 18 septembre
dernier au site internet de La Tribune, Carlos Tavares rappelait qu’une
« décision serait prise avant la fin de l’année » et qu’il était en « avance par
rapport au calendrier. Nous sommes sur la bonne trajectoire. Le véhicule ferait
l’objet d’un partenariat pour réduire le ticket d’entrée et il serait produit en
2015-2016 ».
Vendredi après-midi, face à ses cadres, Carlos Tavares a
délaissé volontairement le conditionnel et employé le présent. Un cadre qui
écoutait son patron n’en a pas cru ses oreilles : « Cet open forum était axé sur
le bilan de Renault durant le premier semestre 2012 et les perspectives de fin
d’année. Personne ne pensait qu’il évoquerait le cas Alpine. Il a certainement
voulu donner la primeur de l’information à ses cadres ».
« Le retour
d’Alpine, c’est fait »
Donc, en conclusion du forum, lors du petit jeu des
questions-réponses avec ses cadres, le numéro 2 de Renault a été interrogé sur
le sujet Alpine et il a lâché l’info avec délectation : « Il a débuté son
intervention en nous faisant comprendre qu’il attendait cette question avec
impatience. Il nous a dit qu’il n’y a plus aucun doute possible : le retour
d’Alpine, c’est fait, résume le salarié encore sous le choc de l’annonce. Il a
poursuivi en précisant que les négociations ont abouti avec un partenaire – dont
il n’a pas dévoilé le nom – et qu’un contrat a même été signé par les deux
parties. Il semble que l’information pourrait être officialisée très rapidement,
dans quelques jours ».
La marque Alpine va donc retrouver le devant de la
scène, un rôle qu’elle n’aurait jamais dû quitter. Le mythe est de retour… à
Dieppe ? Toute la question est là, désormais, sur le plan local.
Plus d’informations dans les Informations dieppoises de mardi 25
septembre.
Un partenaire nommé Caterham Cars…
Selon nos
informations, Renault aurait choisi la firme britannique Caterham Cars comme
partenaire. Il semble donc que Renault Sport va travailler en étroite
collaboration avec Caterham Cars pour concevoir la future Alpine. Cette saison,
l’équipe de Formule 1 « Team Lotus » a pris le nom de « Caterham F1 Team » et
elle roule avec des motorisations… Renault.
Fondée en 1959 par Graham Nearn,
Caterham Cars est devenue le distributeur de Lotus tout en se focalisant sur la
Seven – une voiture sportive adaptée à un usage routier – dès les années 1960.
La marque est notamment connue pour la Super Seven de Lotus, un cabriolet deux
places qui a fait les beaux jours de la série télévisée « Le Prisonnier ». C’est
donc un spécialiste des voitures sportives que Renault a retenu pour réussir son
pari de relancer l’Alpine. Le contrat de partenariat est signé, a expliqué
Carlos Tavares à ses cadres en fin de semaine.
A quoi ressemblera
la nouvelle Alpine ?
Selon les confidences déjà faites par
Jean-Pascal Dauce, directeur de la compétition chez Renault Sport, la nouvelle
Alpine devrait davantage ressembler à la célèbre Berlinette A110 qu’au
concept-car qui a roulé au printemps sur le circuit de Monaco. Le futur petit
monstre devrait avoir entre 200 et 250 chevaux sous le capot, mesurer moins de
4,30 mètres et peser entre 1 200 et 1 300 kilogrammes.
« Vingt à trente
personnes travaillent déjà à plein-temps sur ce projet », expliquait Jean-Pascal
Dauce fin juin. Aussi, « une vraie Alpine doit ressembler à la Berlinette A110,
ajoutait Laurens Van Den Acker, patron du design chez Renault. La Mini et la
Fiat 500 sont deux beaux exemples de réussite » du style néo-rétro.
Les
dirigeants de Renault espèrent une production d’environ 5 000 Alpine par an.
Côté prix, l’objectif cible est qu’il soit compris entre 35 000 et 40 000 euros,
soit beaucoup moins cher qu’une Porsche Boxster.
Où sera produite l’Alpine ? Dieppe tient la corde
Directeur de la compétition chez Renault Sport, Jean-Pascal Dauce n’a pas
caché sa préférence quant à la localisation de la production de la future
Alpine : en plein cœur de l’été, il confiait en effet que « l’idéal, ce serait
que la fabrication ait lieu dans l’usine historique de Dieppe ». Le site
dieppois emploie actuellement 330 personnes et pourrait donc tirer profit de la
nouvelle Alpine.
Fin août, le président du conseil régional de
Haute-Normandie, Alain Le Vern, écrivait une lettre (co-signée par la députée
Sandrine Hurel et le président de l’agglomération Dieppe-Maritime Patrick
Boulier) à Carlos Ghosn, PDG de Renault. Le courrier insistait notamment sur le
fait que « le renouveau d’Alpine ne peut être que lié au site historique de
Dieppe » d’autant que « l’agglomération Dieppe-Maritime a fait l’acquisition de
terrains qui jouxtent l’entreprise (NDLR : l’ancien stade Maurice-Thoumyre) et
qui permettraient à Renault d’étendre son activité ». Et les trois
élus signataires d’ajouter que « l’Agglomération comme la Région sont des
collectivités à même de soutenir ce type de projet ».
Il ne fait aucun doute
que les élus locaux vont se mobiliser dès à présent pour conforter les
dirigeants de Renault dans leur idée de produire la future Alpine à Dieppe. Cela
semble être de toute façon l’option retenue par la marque au losange. Le patron
de Renault Sport Technologies Patrice Ratti et son homologue de chez Caterham ne
se sont certainement pas déplacés récemment sur l’usine dieppoise pour y
effectuer du tourisme…
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